Stèle
Gravier crissant de crainte au pied du monument,
deux enfants désignés pour s'y tenir figés,
ciel bleu pâle, ou tout gris, pour un couronnement
sans sceptre ni laurier, de soldats allongés,
pas ici,mais là-bas, dans de grands cimetières,
aux croix bien alignées, comme pour des revues
à la gloire et l'épée de grandeurs militaires,
pour un dernier sourire aux filles entrevues.
Chacun de quatre obus vidés de leur substance,
assure un garde-à-vous aux quatre angles de pierres,
où s'imprègnent des noms, des dates de naissance,
de gens d'ici partis défendre une frontière.
Ils sont trop émouvants, les accents de trompette,
l'uniforme pimpant, les pas à l'unisson,
le coeur souffle le vent dans des airs de tempête,
l'échine est parcourue du trouble d'un frisson.
Une cérémonie va sacrer cet endroit,
l'obus regrette-t-il de n'avoir pu tuer?
Un rayon de soleil laisse le marbre froid,
le massacre en hauts lieux est à perpétuer.
La pensée se fait dure au pied de cette stèle,
la paix qu'on y connaît, ne peut qu'être éternelle,
et si le clairon sonne, que le sabre salue,
la mort pour la patrie, ils ne l'ont pas voulue.
J. Herduin (les rêves obstinés)
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